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William Friedkin, "Chirurgien du Mal"

 

William Friedkin, après avoir réinventé les codes du film d’horreur en faisant de l’Exorciste un film quasi documentaire, à la froideur anxiogène, n’a jamais autant mérité son sobriquet de " Chirurgien du mal ".

 

Dans Killer Joe, le spectateur assiste, impuissant, à la rencontre d’un monstre contemporain, aux airs de cowboy, au cœur d’une famille américaine névrosée. Jouant la carte du minimalisme, Killer Joe dissèque non sans un certain cynisme les travers d’une société rongée par l’argent. Moins film réaliste que fable macabre, empreinte d’ésotérisme, l’œuvre de Friedkin met en lumière la déstructuration des liens familiaux, parfois proche d’une dimension incestueuse, face à la nature humaine contrefaite qui végète dans son cloaque et se satisfait de sa faiblesse.

 

Pus qu’un outil cinématographique, Killer Joe est un objet absurde, en ceci qu’il se veut la reflet exacerbé, viscéral, d’un monde avorté où l’espoir se résume à des sonorités creuses. En grand baron du diable, Matthew Mcconaughey incarne un tueur éprouvant, tout en retenue, capable de provoquer l’effroi d’un simple regard. Le final, en plus de hisser l’acteur à des sommets d’horreurs, s’affirme à lui seul comme un morceau d’anthologie où le mal semble triompher en même temps qu’il corrompt la pureté. Enfin, comment ne pas y voir un écho à l’œuvre de Roman Polanski, Rosemary’s baby, où la folie n’a jamais paru si sensée ?

Thibault Lafargue

Critique / Cinéma 

24.02.2014

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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