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Prendre : les lunettes de soleil, la crème solaire, l'appareil photo, un joli maillot. Ne pas oublier l'antimoustique. Et le vaccin contre le tétanos. Et puis les médicaments contre la turista. Non, non, ce n'est pas le Pérou. Mais tu verras, Tanger, c'est magnifique. 

Avant de partir, le Maroc c'est plutôt tajine, babouche, couscous, 1001 nuits et le sourire de Faudel. On s'imagine croiser des berbères et des danseuses du ventre, des chameaux... ou des dromadaires (on ne sait plus, on a encore oublié de compter les bosses). La plupart disent que c'est dépaysant, que c'est MA-GNI-FIQUE.

 

En général, c'est par le ferry qu'on y arrive. Tanger est la porte d'entrée du sol marocain. Mais plus qu'une porte d'entrée, c'est un violent coup de porte en plein milieu du pif. Il y a quelques heures, le paysage espagnol était à la paëlla, aux tapas, au famenco et à la sangria. Mais à cet instant, à la découverte de cette ville, la paysage crie, hurle, couine, bouscule, crisse, pue. Il retourne le ventre... Bienvenue à Tanger les amis !

 

Ici, ce n'est pas Marrakech, jet-set et soirées people. C'est une bonne droite bien sentie à tous ceux qui pensaient se retrouver dans une carte postale. Tanger remet les compteurs à zéro, Tanger t'ouvre les yeux. C'est une ville-souk, avec ses trente passagers dans une seule voiture déglingée, ses enfants des rues, ses odeurs de cuir mélangées à celle d'urine, de couscous et d'essence. C'est le "hé gazelle" et le bruit effrayant du ferry qui s'éloigne. Ça commence à remuer quelque chose. Oui, juste là, ça fait tout drôle.

 

Elles sont loin les habitudes occidentales. C'est violent. Le tourisme marocain devrait se résumer à une photographie de la tête des touristes en tongs à leur arrivée, complètement effarés devant un tel souk. Cette scène se déroule toujours au rond-point juste à la sortie du port, Place Socco pour être précis, là où la carte postale se déchire : des dizaines de sourires laissent placent aux yeux écarquillés. C'est l'image la plus attendrissante du pays.

 

C'est violent certes, mais ça fait du bien. Tanger est belle dans les yeux de ses habitants. Dans le sourire à la Faudel du marchand d'épices, dans tout ce qu'elle nous donne sans trop de manières, sans en demander en retour. Elle te prend par les épaules et te secoue violemment. Elle est belle lorsque l'on sait y voir le beau. Quand on observe son naturel, sa décontraction. Tu verras, c'est magnifique.

Audrey Sandou

Chronique / Voyage

05.05.2014

Tu verras,

C'est magnifique

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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