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L’œil du Cyclone

Le propre du cyclone est de former un centre de rotation autour d'une zone de basse pression locale. Par extension, la circulation du cyclone est la direction que prend le flux. En intitulant leur webzine, le Cyclones Mag, ses créateurs donnaient un indice à leurs visiteurs : dans le sens inverse des aiguilles de l’hémisphère, le Cyclones Mag incarne la contre culture de masse. Basé dans la capitale de la mode, ce webzine français a été crée par une bande d'amis. Le magazine est spécialisé dans la culture urbaine, ou street culture. Rencontre avec le photographe de l’équipe dont les images font l’atmosphère et l’essence du magazine : John Aku ou l’œil du Cyclone.

D’où vous est venue cette idée de créer un magazine culturel en ligne ?

L’idée de base est venue d’un ami, David. C’est lui qui a crée le magazine. Il s’intéressait déjà de près à l’univers de la mode streetwear et de la culture urbaine. Il a parlé de son projet à notre groupe d’amis et on a tous suivi. Au début on était quatre, David, Hugo, Cyriac et moi, et on n’avait aucun contact dans le milieu. On a donc commencé par créer un Tumblr avec nos photos personnelles que l’on mélangeait avec des photos trouvées sur internet qui représentaient notre atmosphère. C’était un mélange de notre travail et de nos influences en matière de photographie et de mode. Le site a rapidement bien marché. Pour l’alimenter, on se rendait à des soirées sélectes à Paris. Il fallait qu’on se fasse des contacts, alors on y allait au culot. Dans ce milieu, lorsque l’on n’est pas connu, le culot est l’unique solution. On se faisait passer pour des professionnels et ça a bien marché. On a réussi à se faire un bon carnet d’adresses, et on a obtenu des rendez-vous pour des interviews. Aujourd’hui on travaille en collaboration avec la boutique Colette et on a récemment signé un contrat avec Nike.

Pourquoi le Cyclone Mag comme titre ?


C’est une idée de David. Le « cyclone » car c’est un phénomène qui ravage tout et c’est surtout le centre d’un mouvement. On voulait vraiment être au cœur des nouveautés de la culture urbaine pour les faire découvrir à un plus grand nombre. Les milieux de la mode et de la musique sont parfois assez fermés et on voulait pouvoir les faire rayonner.

La culture urbaine semble être votre fil directeur mais c’est une notion parfois un peu floue. Comment définiriez-vous votre ligne éditoriale ?


Notre ligne éditoriale est très stricte. L’état d’esprit du magazine a évolué depuis sa création. Au début on s’intéressait surtout à de la musique commerciale, à des artistes comme Drake ou P. Diddy par exemple, mais on s’est vite lassé. On voulait se démarquer des autres magazines. Nos lecteurs ne devaient pas se retrouver devant des articles identiques à ceux que l’on trouve partout. On s’est donc concentré sur des artistes montants, des figures moins évidentes du rap ou de la saoul et qui sont d’autant plus intéressantes.

 

La création d’un univers très masculin faisait parti de vos objectifs ?


Je ne pense pas que le  Cyclones Mag représente un univers exclusivement masculin, du moins ce n’est pas un parti pris. Le noyau dur est composé de quatre hommes donc c’était naturel de se diriger vers la mode masculine. Aujourd’hui on compte trois bloggeuses qui s’occupent des rubriques réservées aux femmes pour toucher plus de personnes et éviter justement qu’on nous range dans une case "site masculin".

Quels sont les futurs projet du Cyclones Mag ? Une version papier est envisagée ?


Ce serait l’idéal ! Si on a commencé par créer un webzine, c’est pour des raisons pratiques. C’est plus simple et surtout moins coûteux. Pour le moment, nous n’avons pas les moyens financiers nécessaires pour envisager de lancer notre version papier dans un futur proche. En attendant, nous sommes en partenariat avec le magazine parisien Shoes’up. Nous réalisons des premières pages avec un visuel, notre logo et un de nos articles. Cette dynamique de "l’article du mois" nous permet de nous faire connaître d’avantage notamment grâce au lien qui renvoie au webzine.

En temps que photographe, vous vous consacrez exclusivement au magazine ou vous avez des projets personnels ?


Lorsque l’on a lancé notre magazine, je commençais tout juste la photographie. Je me suis beaucoup entraîné avec les photos de Touky notamment (Touky est le chien de John, un magnifique Akita. Il a crée un badge à son effigie et photographie ce dernier dans toutes les situations : dans la rue avec des inconnus ou encore pendant des soirées). Puis j’ai fini par trouver mon univers et j’ai pu me spécialiser. Ce que je préfère, c’est faire des photos de nuit, capter des instants naturels et spontanés. C’est dans ces situations que je prends du plaisir. Au contraire, les séances photos en studio avec des néons et des heures de retouches, très peu pour moi. Je ne sais même pas utiliser Photoshop. Quant à mes projets, je ne lâcherai jamais le magazine. C’est lui qui m’a formé. Néanmoins, de mon côté j’aimerais faire une exposition. On m’a déjà proposé d’exposer mes photos mais je préfère attendre et choisir de moi-même le lieu, le moment et les clichés. J’ai envie de présenter quelque chose dont je serai vraiment fier, un travail qui sera abouti, à l’image de ma vision du monde. Pour le moment, je ne pense pas avoir assez de photos. Ce qui est certain c’est que lors de mon exposition il y aura non seulement les photos de Touky mais aussi Touky en personne. C’est un peu ma mascotte. Pour l’anecdote, une fille m’a un jour abordé dans la rue alors que je portais le badge de mon chien, en me disant : « Je connais ce chien, c’est Touky ! ». En fait, elle avait découvert mes photos sur la toile et avait reconnu l’animal. Une star, je vous dis.

Chalut-Natal Estelle 
interview / Photographie 
4-04-2014

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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