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Patricia Morvan, responsable des projets culturels, des expositions et de l'édition au sein de l'agence de photographe Vu', est une femme pleine de contrastes. De la danse à la documentation en passant par le journalisme, la photographie est arrivée à elle comme un heureux accident. Focus sur un métier hors-champs mais passionant.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est Vu' ?

 

C'est une agence de photographes créée en 1986. À l'inverse du quotidien qui montrait des images un peu au jour le jour, il y a eu l'envie de pouvoir monter des récits photographiques, plus longs que l'image du quotidien. L'agence détient aujourd'hui près de 180 000 images.

 

Sur le site internet, Vu' se définit comme une agence de photographes plutôt qu'une agence de photographie, quelle est la nuance ?

 

Elle est un peu des deux, mais c'est avant tout une agence de photographes. En effet, ce qui est important dans le recrutement, c'est la personnalité photographique, le point de vue, la manière dont les artistes racontent le monde. Nous les repérons sur des sites internet et nous organisons de temps en temps des rendez-vous, nous nous concertons avec l'ensemble de l'équipe. Le bouche-à-oreille occupe aussi une grande place, les relations sont cruciales dans ce secteur.

 

Pourquoi l'agence a-t-elle pris le même nom que le magazine des années 20 ?

 

Il s'agit avant tout d'un hommage. Ce magazine était vraiment, pour une première fois, une alliance entre un récit photographique long et esthétique avec un récit journalistique. C'est la première fois que l'on avait affaire à des récits photographiques, à des cartes blanches.

 

L'agence se définit comme non spécialisée, elle accepte tous les styles et toutes les formes de photographie, vous devez tout de même en affectionner un en particulier ?

 

Ce qui m'intéresse, c'est avant tout la cohérence du travail. Il faut trouver la perle rare qui va, à quelques millimètres près, faire la différence. Entre intérêt professionnel et goût personnel, il faut savoir équilibrer son choix. 

 

Envoyez-vous des artistes en reportage ?

 

Cela arrive rarement. Nous ne sommes pas une agence de news. En général, il n'y a pas de vrais reportages mais plutôt un travail au long cours sur un sujet précis, souvent proposé par le photographe lui-même. De toute façon, nous sommes en concurrence avec des agences comme l'AFP qui ont des photographes salariés et à laquelle les magazines sont abonnés. Chez nous, c'est un système de commande ou de payement à la parution. Par temps de crise, le choix est vite fait.

 

Quel type d'image fonctionne le mieux sur une couverture de livre ?

 

Aujourd'hui, il faut aller au plus simple, il faut être minimaliste. Les photographies très graphiques sont de plus en plus appréciées. Il y a souvent très peu d'éléments, car dès que c'est compliqué, le lecteur a moins envie d'ouvrir le livre. Il faut aussi éviter les visages, on privilégie des gens de dos ou des silhouettes. Il faut piquer la curiosité du lecteur, il ne faut pas être capable d'identifier le personnage.

 

Une fois la photographie achetée, a-t-on le droit de l'utiliser et de la modifier à sa guise ?

 

Quand on achète une image, on négocie surtout les droits. En général, en presse, ils savent ce qu'ils vont faire. Par contre, en communication, on essaye de se mettre d'accord. On s'entend sur la place de l'image sur le site internet, sur le nombres d'affiche, la brochure... Et en ce qui concerne les modifications sur l'image, on peut tout essayer, mais il faut absolument l'accord de l'artiste.

 

Pour vous, les réseaux sociaux du type Instagram permettent-ils de promouvoir la photographie ?

 

Il permettent de faire circuler les images, mais ça ne promeut pas vraiment cet art. Il y a des choses qui sont bien par hasard, néanmoins il y a une forme de pauvreté de l'image. Aujourd'hui, tout est photographié, tout le monde fait de la photographie... Les gens cherchent les images par eux-mêmes et ne vont pas forcément sur le site de l'agence, il faut s'adapter à ces nouvelles méthodes. L'idée pour nous est d'y être de plus en plus présents. Même si je pense que c'est une esthétique dont on va vite se lasser.

 

 

 

Agence Vu'

58 rue Saint Lazare

75009 Paris

www.agencevu.com

L'image comme seul objectif

Audrey Sandou

Interview / Photographie

05.05.2014

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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