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Le pianiste
aux multiples cordes
 

Thibault Lafargue 
Interview / Musique
07.03.2014

La chemise froissée, le poil disparate, Adrien Beunas donne l'impression de s'être tout juste réveillé. Son regard semble égaré, perdu en quelque lieu inaccessible. Soudain, ses doigts s'articulent, glissent le long d'un piano, et tout soudain, une sorte de grâce l'auréole. Rencontre avec un jeune prodige de la musique... 

 

- J’ai entendu dire que vous vous livriez à plusieurs disciplines liées à la musique, pouvez-vous nous en parler ?

 

Chez Hamm*, en tant que vendeur de piano, je dois conseiller les clients. Il y a une dimension psychologique. On ne peut pas être vendeur sans être musicien, sinon, on ne connait pas l’instrument, et les gens le sentent : ils n’achètent pas. Pour mon boulot de professeur de piano, c’est une occasion de partager mon savoir, mon expérience. Ce ne sont plus des clients mais des partenaires privilégiés. Il faut se mettre à leur place. Quant au piano bar**, ça demande un vaste répertoire. Il faut faire honneur à l’établissement, s’adapter à l’ambiance, jouer sur la pointe des pieds pour ne pas déranger les clients. C’est un métier ingrat, sans remerciement, mais ça m’ouvre des perspectives.

 

- Justement, quelle est votre perspective d’avenir ?

 

Me faire embaucher comme démonstrateur nationale dans une firme importante. Assister à des galas, des réceptions, pourquoi pas sur un bateau de croisière ?

 

- Vous semblez très attaché au milieu classieux, pour quelles raisons ?

 

Par orgueil. On visite d’autres sphères. Il y a une forme d’autosatisfaction d’en être arrivé là. C’est comme avoir réussi sa vie. On avance au fil des soirées. Ça change de la rengaine quotidienne. On est comme une star de cinéma !

 

- Vous parliez de votre relation avec vos élèves, en tant que professeur. Avez-vous subi des préjugés, du fait de votre jeune âge (26 ans) ?

 

Au débit, j’ai cru ne pas être pris au sérieux. Mes élèves ont entre cinquante et soixante ans. Me positionner en tant qu’autorité n’était pas facile. J’ai essayé la barbe pour me vieillir mais ça n’a pas marché ! Le plus dur est de s’affirmer dès le début. Une fois qu’ils savent où on les mène, ils se laissent guider. On les embarque dans l’aventure.

 

- Et cette aventure se compose de quel répertoire ?

 

On va du classique au funk rock. Par contre, je n’ai pas d’affection particulière pour la musique électronique. Je suis plutôt instrumental et j’ai du mal avec les musiques modernes. Sinon, je n’ai pas de préférence particulière. Je peux aussi bien jouer du jazz que du métal. Et puis les deux peuvent se marier.

 

- Si vous aviez dû choisir un autre domaine que la musique, qu’auriez-vous fait ?

 

J’ai longtemps voulu devenir kinésithérapeute, mais niveau  médecine je ne suis pas très attaché aux études ; je préfère ma vie actuellement. J’aime aussi beaucoup les langues, le japonais notamment. Oui, j’aurais tenté cette voie-là.

 

- Vous avez évoqué un peu plus tôt la vie « d’une star de cinéma ». Avant de nous séparer, parlez-nous de votre film préféré.

 

Ce sera une saga : celle de James Bond. D’un point de vue musical, c’est une série qui a su évoluer avec son époque. On a toujours eu cet esprit Bond mais décliné au fil des années avec des acteurs et auteurs différents. On retrouve aussi un côté très classe que j’admire. C’est un ensemble pour moi, les paysages, les gadgets, les femmes, tout est superbe. Surtout les femmes…

 

 

* Piano Hamm – 17 rue Monge, 5ème arrondissement de Paris.

** Piano bar Napoleone – avenue des Champs Elysées.

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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