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Beaucoup rêvent de mettre Paris en bouteille, mais comment mettre la ville dans un flacon de parfum ? Quelle odeur caractériserait le mieux la capitale ? Quel lieu renferme l’essence même de la ville ?

 

Certains penseront à l’odeur des fleurs du jardin du Luxembourg, d’autres à l’odeur de bière devant un bar de Saint-Michel, ou même à la trainée de Chanel n°5 laissée par les bourgeoises du XVIᵉ arrondissement. Mais à mes yeux, Paris ne se résume pas à ça. Paris, c’est la ville du mélange, des rats, des artistes, du n’importe quoi. C’est une ville qui vous prend au cœur, qui vous donne envie de crier. C’est la ville des grandes joies, des grandes peines mais surtout de la mélancolie. Paris, c’est l’odeur du quai du RER A de la station Nation.

 

Tous les parisiens ont un jour eu l’honneur de renifler le doux parfum de ce lieu. Ce qui surprend dans un premier temps, c’est la façon dont votre cerveau cherche immédiatement à décrypter l’odeur. Le dégoût n’est pas immédiat, il y a toujours une phase de flottement. Est-ce de l’urine ? Une odeur d’égout ? Est-ce la personne assise à côté de moi qui se serait trop lâchée ? Cette phase d’incompréhension me fait penser à celle ressentie par toute personne qui découvre la capitale pour la première fois. On croit que tous les hommes seront des hommes galants la baguette à la main, que la ville lumière sera une ville éblouissante. On recherche dans la ville des stéréotypes dont on nous avait parlés. Et puis, non. Tout ce que l’on voit, ce sont les rats et la foule dans le métro.

 

Sur le quai de Nation, se trouve un concentré de Paris. On y trouve les désorientés de la ville, les amours clichés, les mecs saouls de fin de soirée. L’odeur de Nation, c’est un concentré de ce que Paris fait de pire. Certains rejetteront la faute sur les SDF de la gare, et ce n’est pas faux. Mais en sentant de plus près, ce quai vous transporte à l’époque de Zola. Ce quai transporte vos narines dans une époque lointaine, où Paris était à la fois puant et plein de grâce. Le quai de Nation, c’est ce qui me fait rester à Paris.

La véritable odeur

de Paris


 

Audrey Sandou

Chronique / Parfum

07.04.2014

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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