Une fois de plus, le téléphone sonne.
Toujours la même voix : « vous avez un nouveaux message ». Impossible de savoir qui se cache derrière cette mystérieuse mélodie, une machine peut-être. Sûrement. Ce sont quelques petits phonèmes, mais ils sont capables de transporter à chaque fois vers une réalité immatérielle, un autre monde. Il semble que cette voix féminine donne un aperçu du message qui va suivre. Complice d’une machine ? Tout est possible. À priori dénuée d’âme, sa voix est grave et chaude quand des mots doux la suivent. Puis elle se transforme en sons tremblotants quand la message est désagréable.

Pour cet unique « vous avez un nouveau message », elle déploie une multitude de tons et d’intonations différentes. Miroir de la personnalité, cette voix se colle et se confond à celle des messagers. Il faut lui faire confiance. Elle est comme une amie honnête est bienveillante, parfois blessante, qui prévient de la moindre nouvelle. Musique à la frontière de la pensée et du langage, elle dévoile toutes les intentions du répertoire, celles du frère comme celles du banquier. Mais quelle déception à la fin de l’appel quand un « bip » strident vient couper le message. La voix redevient glaciale : « Tapez 1 pour réécouter, 2 pour effacer ». Perte de cette jolie voix émotionnelle jusqu’au prochain appel, il faut alors se contenter de la voix artificielle du téléphone. Attention, Siri n’est pas une amie.