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Chez 
Janine !

Chalut-Natal Estelle 
Chronique / Ville 
04.04.2014

Au fin fond du Massif central, entre deux puys, se cache un petit village qui résiste au temps. À priori, c’est une ville fantôme : quelques maisons en pierres, un groupe de grand-mères sous une véranda et à l’entrée, des lotissements. Ces maisonnettes, toutes neuves, se demandent encore pourquoi elles sont là, alors que les vaches du champs d’à côté les regardent, dubitatives.

 

Dans le centre se trouve la Mairie, ancienne école des garçons – il y avait donc des enfants ici à une époque – et la poste, veillotte et fermée. En face, un « Carrefour Market » a remplacé l’épicerie et surtout l’épicière qui râle tous les jours depuis ce changement. C’est vrai que la nouvelle vendeuse ne fait pas elle-même son pain, ni ses bourrioles ! Le maire a tenté de dynamiser la ville, sans grand succès. Les nouveaux panneaux « Drugeac » permettent tout de même de savoir où on est : au centre de la France, au centre de l’Auvergne, au pays où tout le monde s’appelle Jacques, Simone ou Janine. Derrière l’église, le stade de basket est toujours là, silencieux. Pas piétiné depuis des dizaines d’années, le béton ondule et des pâquerettes ont sorti leurs têtes.

 

Quand les cloches de l’église, grande dame grise qui rythme les journées des campagnes, sonnent 19 heures, ça commence à s’agiter. Jean finit sa partie de cartes, qu’il a remportée, comme à son habitude, et sort les verres et les bouteilles. Le voisinage, qui se résume aux membres de la même famille (papi, mamie, grand-oncle, petit cousin…), se réunissent sous la véranda autours d’un verre de Suze, de Ricard ou de whisky et de trois ou quatre saucissons de la maison. À ce moment là, c’est un concentré de vie, d’anecdotes et de rires. Un deuxième coup ? Après l’apéro et une balade dans le quartier, chacun rejoint sa maison. Le lendemain, les cloches de l’église et les vaches sonnent l’heure du café et des œufs brouillés (des poules de Georges) !

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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