Les premiers accords de guitare donnent le « la ». Loin du gris parisien, en fermant les yeux, on se retrouve au cœur d’un patio méditerranéen. Emportée par les arpèges d’un guitariste ibérique, la voix d’une femme mûre commence à chanter.

 

Elle raconte un passé, un souvenir de jeunesse. Sa voix est douce puis s’emporte et se trahit. Elle tremblote. Emue, elle dit que ce qu’elle ne voudrait dire. Au son de cette mélodie, c’est toutes les émotions enfouies qui refont surface : l’amour, la jeunesse puis le temps qui, indéniablement, passe et emmène tout avec lui. Estrella Morente, au timbre cassé, ramène tout cela. Elle fait partager son passé avec une intensité débordante. Parfois sa voix farouche est à la frontière du chant et du murmure. Alors, on se surprend à se créer des souvenirs en Espagne, des après-midi moites et de chaudes soirées d’été. On pense au film d’Almodovar dans lequel Penelope Cruz reprend la chanson tapant des mains, les larmes aux yeux. L’atmosphère est chaude et rouge. Le son des cordes et les accents langoureux de la langue espagnole forment une rauque et douce mélodie. Les notes sont tristes et sensuelles.

 

« Volver », c’est revenir. Revenir au cœur de ses racines, de sa terre natale pour renouer avec son passé et pardonner. Cette chanson fait resurgir les plus beaux souvenirs comme les plus douloureux. D’ailleurs, les mots qu’Estrella repère tout au long du morceau sont « volver, vivir, sentir » : revenir, vivre et sentir.

 

 

« Volver », Estrella Morente