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Au sud de

nulle part 

Chalut- Natal Estelle 
Chronique / Photographie
29-03-2014

 

Au milieu des images de parkings, de trottoirs et de panneaux de signalisation, se détache une photo qui parle pour toute l’œuvre de Stephen Shore. Il faut s’avancer et cligner des yeux à plusieurs reprises pour réaliser qu’il s’agit bien d’un cliché. Il est si brut qu’il en est déroutant. On s’y croirait presque.

 

Arrachés à nos pensées, on est catapultés dans ce paysage urbain. Devant, quelques vieilles voitures et des bâtiments à l’architecture plate et ennuyeuse des zones industrielles. Derrière, rien. Au milieu de nulle part. Les voitures pourraient donner signe de vie mais il n’y a personne. L’espace est vide à l’exception d’un passant, au loin. Il marche vers le sud, vêtu de noir. Plus une ombre qu’une présence, il amplifie cette sensation de néant. À l’instar de la première scène d’un film d’horreur où les zombies viendraient détruire l’humanité, il n’y a plus d’hommes, sinon leurs voitures. Arrêtée dans le temps, l’image est angoissante. Comme un arrêt sur image d’une caméra embarquée, c’est un instant capté, presque volé.

 

Dans la lignée d’Edward Hopper, fervent défenseur des feux de signalisation et des pompes à essence, les couleurs frappent. Le rouge, le jaune, le bleu toutes trois brutes et primaires, donnent vie au cliché. Pas de retouche, simplement la réalité d’un instant à travers le regard du photographe. Dans un espace vide, chaque détail, chaque parcelle de couleur parle.

" L'art ne transforme pas. Il formule." Roy Lichtenstein

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